vendredi 10 avril 2009

Des nouvelles récentes du Château




Septembre 2008



- I -


Un mot de D. la semaine dernière : ne pas avoir à travailler dans les lettres de nos jours, être libre de ses moyens par n’importe quel métier ; le moindre expédient payé par un éditeur aujourd’hui, le devoir de publier pour vivre, être astreint au régime des commandes éditoriales sous un ciel funeste et c’est l’abaissement au rang d’idéologue. Casanova, au moins, avait son violon et l’ésotérisme.

Année sinistre. J’ai dû me retrouver, pour vivre, à faire de la garderie dans une école ; ce qui ne m’aurait pas déplu si mes collègues de travail avaient considéré comme moi que la tâche qu’elles avaient à effectuer était des plus simples, mais aujourd’hui la peur de perdre son travail et la hantise de mal faire transforment n’importe quelle sinécure en un enfer. J’avais sous mes ordres principalement deux animatrices et, au-dessus de moi, trois chefs, dont l’un était mon employeur. L’un d’entre eux se prénommait Yamina ; Yamina était une petite chef et faisait pleurer mes deux animatrices à force de conscience professionnelle. L’atmosphère était celle d’une pièce de Gombrowicz. N’ayant pas d’autre occupation que celle d’encadrer les enfants d’une école maternelle et primaire, Yamina et mes deux animatrices s’en prenaient au détail de la vie quotidienne pour se sentir compétentes. Yamina, quant à elle, travaillait en son âme et conscience et n’avait jamais eu autant de difficultés professionnelles à affronter qu’avec un énergumène tel que moi. Mon employeur était une association sous-traitée par la mairie de Dijon, ville de droite devenue bastion de gauche depuis que le n° 2 du PS occupe la mairie, et association courbant l’échine et jouant à Tartuffe, parlant de jeunesse et de solidarité, et sacrifiant leurs employés sur l’autel des appels d’offre.

Je connais très bien Tartuffe pour avoir déjà été employé par lui et été son licencié économique. Tartuffe est aujourd’hui un homme de gauche, il est de gauche, comme, jadis, le froc était à Dieu. Tartuffe ne bâtit plus de communautés à vocation caritative, mais des associations, S.A. ou ONG à visée sociale, culturelle ou humanitaire, et, pour survivre, accepte n’importe quelle obole de l’Etat, des services publics, des entreprises, des municipalités, des collectivités ou de particuliers qui, n’ayant rien d’autre que Tartuffe pour soigner leur misère ou leur montrer un ciel nouveau – ce qu’ils appellent faire du social – acceptent ses sévices.

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