dimanche 26 avril 2009

Des nouvelles récentes du Château (5)

- V-


Aujourd’hui, l’Etat français n’a jamais autant travaillé à demeurer le garant de valeurs morales universelles, n’a jamais autant communiqué en ce sens, même si le simulacre du bien public qu’il émet n’est plus un argument pour personne et que le discours qu’il emploie pour garantir sa loyauté politique n’a plus aucune pertinence. Mais, puisqu’il n’a plus la possibilité de convaincre, puisque ses actes politiques ne correspondent plus aux propos tenus, il reste le montage des images et des preuves, comme dernier atout et politesse du désespoir. On ne peut s’attaquer aux immigrés et aux beurs, comme Sarkozy, Jospin ou Chirac l’ont fait durant leurs campagnes présidentielles, que si l’on a montré que la société française, dans son ensemble, a fait tout son possible pour les intégrer, on ne peut prétendre baisser les budgets de la Culture et imposer des restrictions drastiques aux Drac et aux Fracs, comme aujourd’hui, que si l’on a montré que l’on a fait tout notre possible pour que des artistes, des écrivains, des intermittents du spectacle puissent vivre dignement. Il faut donc une architecture du simulacre, un ensemble de dispositifs-écho et de coquilles vides. Et, dans cette architecture du courant d’air, des Tartuffes malgré eux, un angélisme, de belles âmes et un enfer pavé de bonnes intentions.

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