vendredi 23 novembre 2007

Les murs ont des oreilles...

Je me reproduis dans des cases-mates aux cloisons épaisses comme sexe de femme, j'inculque la peur à mes enfants, je leur apprends le bien droit sur la chaise d'écolier, le pas-le-temps, la pénibilité du travail, la difficulté d'obtenir de l'argent et de faire ses comptes, la peur au ventre devant l'employeur, le sexe baissé quand on reçoit des ordres, la crise, la crise, le travail de la crise, il grandira et il m'en voudra, il faudra qu'il m'en veuille, il faudra que ça se répète, que lui-même apprenne à ses enfants la rage au ventre et l'angoisse d'une rage au ventre impuissante, parce que les murs ont des oreilles.

Il ira à l'école dans laquelle le temps s'effilera au tableau des heures et des cellules, des cellules nouvelles chaque fois, chaque fois un réseau de cellules nouvelles à compter, filer dans des lignes et des couloirs. Il faudra qu'il se taise, il faudra qu'il se taise, non parce qu'il parle, mais parce que le nombre des enfants autour de lui, le nombre des vies à courir autour de lui est un risque, un danger, un équilibre précaire. Il faudra qu'on lui enseigne que sa vie est un danger en puissance à désamorcer.

BOUM

Les murs ont des oreilles, écoutez le bruit qu'il fait !

BOUM

Cela n'est pas écrit, cela n'est pas encore écrit, mais il faudra, que cela ne reste pas impuni, qu'il apprenne à se maîtriser, comme une image.

Et, comme une image, bien maîtrisées ses pulsions en lui, sublimant dans des livres ça, macérant, les animaux en lui canalisés, comme une image.

Sage

Sage

Sage

Qu'il le note, que cela reste, immobile, et explose en toc.

Oui,

l'image du "Boum" sur des plaquettes ou sur un blog,

dans des livres ou sur des listes,

que c'est beau l'image de la guerre futuriste,

le viol pour Kleist,

l'anarchie pour dada,

que c'est beau quand c'est écrit.

La police des caractères, le comportement réglé comme l'heure de la masturbation pour Kant.

Je vous aime. Je dis, je vous aime et je le crois, mille heures perdues à vous faire découvrir dans des livres.

Des nouveautés.

De jolies choses, des heures d'ivresse à vous chanter, je crois que les mots ont un poids et à l'importance de la culture.

Je suis un poète.

Je suis un con.