jeudi 18 septembre 2008

Des appartements se vident...

Des appartements se vident comme panses trouées.
Nous avions cru être des géants,
et, sans raison, la nuit a substitué nos corps.
Vides maintenant, comme nos esprits,
et nous courons plus vite pour les vider mieux.

Nous nous cachons des maîtres qui détiennent nos murs.
Nous nous terrons, communauté taisible, à l’ombre de leur traîne,
inventant un langage double pour tromper le flair de leurs limiers,
changeant de boîte aux lettres,
changeant les XXXX d’une identité à l’origine idoine.
Nous apprenons à courir par la parole,
à survivre en donnant les noms de nos anciennes peaux.

Elle dit, Je ne t’aime plus.
Elle dit, Tu es toqué.
Elle dit, J’ai besoin d’un homme responsable.
Elle dit, J’ai mon horloge biologique.
Elle veut tout ce que je fuis,
tout ce que l’homme qui me laisse les clés de son appartement
fuit aussi.

Elle dit, Mon corps est ma maison,
je suis le propriétaire de mon corps,
et mes enfants seront propriétaires, eux aussi ;
elle croit en ce qu’elle dit.

Il dit, Au Viêt-Nam, les femmes te mangent dans la main,
je planterai de la sauge.
Toi, tu seras ma boîte aux lettres en France, quelques mois,
puis tu courras, comme elles,
pour survivre.
Il dit, L’amour se trouve dans des corps affamés,
il n’y a pas d’autre loi.
Il croit en ce qu’il dit…

Il croit en ce qu’il dit, il croit en ce qu’il dit
et moi, je ne crois plus en rien.
Je cours,
je cours,
et les mots se vident derrière moi.
Ne pouvant plus m’arrêter,
je ne peux les retenir.

Cela n’est pas de la survie,
mais la sous-vie.

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